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Georg Bernhard Depping: Artikel "Krünitz", in: Biographie universelle ancienne et moderne von Joseph François Michaud, nouv. éd. Tome 22, Paris [1858], p. 218
 

KRUNITZ (JEAN-GEORGE), docteur en médecine, né à Berlin en 1728, fit ses études à Goettingue, Halle et Francfort-sur-l'Oder. A la dernière de ces universités, il fut reçu docteur en médecine, après avoir écrit sa dissertation inaugurale, De matrimonio multorum morborum remedio, Francfort, 1749, in-4°. Il commença ensuite à professer la médecine dans la même ville; mais, ayant eu peu de succès comme professeur et comme practicien, il alla s'établir à Berlin, et y devint un des écrivains les plus infatigables que l'on ait vus en Allemagne, où pourtant les savants laborieux ne sont pas rares. On a dit d'un auteur fécond que, d'après le grand nombre de ses ouvrages volumineux, il a dû écrire trois feuilles par jour. Le docteur Krunitz n'a guère pu en écrire moins; et c’est bien de lui que l’on peut assurer que toute sa vie est dans ses ouvrages (1). Il ne faut chercher dans l'immense collection de ses travaux ni invention ni style; ce sont des compilations et des traductions écrites avec une prolixité fatigante. Krunitz n'avait pas le temps d'être court. Son ouvrage le plus considérable est l'Encyclopédie économico-technologique, ou système général de l'économie politique, domestique et morale, de la géographie, de l'histoire naturelle et des arts, qui fut commencé en 1773. Ce travail ne devait être d'abord qu'une traduction de l'Encyclopédie d'Yverdon; mais, arrivé a la fin des premiers volumes, le traducteur trouva tant de lacunes à remplir, tant de matériaux à employer, qu'il résolut de marcher seul dans cette grande entreprise. Dès lors il compila, dans l'espace de vingt ans, soixante-douze gros volumes in-octavo; et si la mort ne l'eût surpris, en 1796, à l'article Leiche (corps mort), il aurait peut-être achevé tout seul cet ouvrage volumineux, qui a été continué par F.-J. Floerke et par son frère H.-G. Floerke, et dont il avait paru en 1820 cent vingt volumes, qui n'allaient qu'à la lettre R. L'Encyclopédie de Krunitz ne vise qu'à l'utile; c'est en cela qu'elle diffère de la fameuse encyclopédie française; c'est comme un magasin informe, rempli de matériaux bruts, entassés sans mesure et sans choix. Mais quiconque a le courage de consulter un ouvrage aussi verbeux et, il faut le dire, aussi ennuyeux, y trouve souvent de précieux renseignements, qui jettent le lecteur dans l'étonnement sur l'immense érudition de l'auteur. Aussi son ouvrage a-t-il eu une seconde édition Berlin, 1786 et années suivantes. On a depuis longtemps entrepris la publication d'un abrégé de l'encyclopédie de Krunitz, commencé par Schutz, en 1786. Cet extrait a été continué successivement par Grassmann et Floerke; et il devient lui-même un recueil volumineux qui peut-être, à son tour, aura les honneurs d'un abrégé. Plusieurs articles fort étendus de l'Encyclopédie ont été imprimés à part, tels que l'article Curé de campagne, 1794; Ecoles rurales, ibid. ; Routes ei chaussées, ibid. Krunitz a traduit du français : l'Art de plaire de Moncrif, 1752; les Aventures de Roquelaure, ibid.; les Principes de morale, par Formey, 1762, 2 vol.; l'Histoire des Amazones par Guyon, 1763; le Traité de l’éducation physique des enfants, par Desessarts, ibid.; les Lettres juives du marquis d'Argens, 1764, 2 vol.; les Discours moraux de Formey, 1764 et 1766, 2 vol.; la Découverte des secrets de la franc-maçonnerie, 1768; Histoire de Polybe, traduit du grec et du français, t. 6 et 7, 1769; le Traité d’équitation par Garsault, 1770, in-4°; le Dictionnaire de chirurgie, par Sue, 1773; les Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, par de Pauw, 1774, et quelques autres écrits moins considérables. Il a traduit de l’anglais : L'Histoire de l'électricité, par Priestley, 1772 ; l'Histoire naturelle des corallines, par Ellis, 1767, in-4°, etc. I1 a publié des ouvrages bibliographiques sur l'épidémie des bestiaux, 1767; sur l'inoculation, 1768; sur I'électricité, 1769. Il a dressé les tables de matières de plusieurs grands ouvrages, entre autres celle de la traduction allemande de l'Histoire naturelle de Buffon, 1775. Parmi les autres ouvrages de Krunitz, nous nous bornerons à citer une traduction de l'Histoire naturelle du Groenland, par Egede, 1763, et des Principes chimiques de l'agriculture, par Wallerius, 1764; un Recueil d'articles choisis sur l'agriculture, l’économie domestique, les arts et manufactures, Leipsick,1767, 1768, 3 vol. in-8o, avec fig. Enfin, Krunitz a coopéré à plusieurs recueils périodiques sur la médecine, l’histoire naturelle, etc. Il était membre de plusieurs sociétés savantes. On trouve des détails sur sa vie dans le Nouveau Berlin savant, par Schmidt, et Mohring.
D[EPPIN]G.

(1) Des spasmes dont il souffrit vers la fin de sa vie, en rendant las exercices du corps trop fatigants pour lui et le forçant à mener une vie sédentaire, favorisèrent beaucoup cette activité de sa plume. Il a donné lui-même, dans le nouveau Magasin des médecins, par Baldinger, t. 5 et 6, des détails sur la maladie spasmodique, dont il fut atteint en 1773, et qui présentait en effet des circonstances assez singulières.